M. Nabil Abbas, Imam du Centre islamique libanais à Montréal et représentant canadien de l'autorité religieuse suprême (Marjaeya).

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Cher Justin Trudeau (premier ministre du Canada).

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Je souhaite m'adresser à vous par la présente en tant qu’ami et allié.

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Notre première rencontre remonte à il y a quinze ans, au moment de votre élection dans Papineau.

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Je vous ai par la suite rencontré plus d'une fois en personne et à chaque fois, nous avons pu nous entretenir, parfois brièvement d’autres fois longuement, d’enjeux touchant les communautés libanaises et moyen orientales. J’étais fier et rassuré que notre circonscription pluri-ethnique et pluri-culturelle compte un représentant qui soit sensible à ses enjeux propres. On sentait dans vos propos et préoccupations une fibre humaniste qui vous a suivi jusqu’à votre fonction de premier ministre. Vous avez également été visionnaire en 2015 en nommant un Conseil des ministres paritaire. Vos politiques, au fil des ans, ont su considérer les minorités et nous pouvons dire que toutes les religions et nationalités ont trouvé en votre gouvernement un allié et une oreille attentive.

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Je me souviens de l’accueil généreux des réfugiés syriens, alors que leur pays était traversé par une crise dépassant ses frontières.

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Aujourd’hui, presque dix ans plus tard, je ne vous cacherai pas trouver votre position quant à la plus récente montée des tensions entre Israéliens et Palestiniens hors caractère. Alors que plusieurs nations et organisations appellent à un cessez-le-feu, ma déception face à l’hésitation du Canada à joindre sa voix aux voix pacifiques est immense.

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Les deux camps, sémites, sont unis, socialement, génétiquement, géographiquement et théologiquement par davantage d’éléments qui les rapprochent qu’ils ne sont séparés par des différences. Lorsque des voisins se battent, n’est-ce pas dans l’ADN du Canada de se ranger du côté du dialogue? C’est un dangereux précédent que de refuser l'appel au cessez-le-feu. Puis de s’engager comme le fait présentement votre gouvernement dans un débat sémantique. Pendant que s’éternise le débat sur les mots trêve humanitaire ou cessez-le-feu, chaque minutes emporte davantage d’innocents et d’enfants. Et le sempiternel droit à Israël de se défendre doit se faire

dans le respect des lois internationales. Vous ranger derrière les États-Unis revient à donner carte blanche au gouvernement Israéliens, qui ne compte même pas sur l’appui de sa propre population. La Palestine est une terre occupée.

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Elle est nommée ainsi par l’ONU. La situation est bien plus complexe qu’une simple question d’attaque et de

défense.

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Votre position est digne des positions typiquement conservatrices. Venant d’un Harper ou d’un Sheer, cela n’aurait guère étonné. Mais d’un Trudeau? Où trouvez-vous en vous l’hésitation à appeler à cesser de tuer des enfants, des femmes et des personnes âgées. Et que restera-t’il de la bande Gaza? Qu’adviendra-t ’il des millions de Palestiniens déplacés? Israël ne se défend pas, elle se venge. Les responsables de son gouvernement qui est sur respirateur artificiel depuis des années et qui attaque sans honte son institution la plus vitale à la démocratie - la Cour suprême - ont assimilé les Palestiniens à des bêtes et des animaux. Où est l’humanité que votre gouvernement s’est empressé d’afficher dès le premier pas franchi par la Russie en Ukraine?

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J’ai souvenir du soir où nous avons assisté à la cérémonie qui s'est tenue en mémoire des victimes de l’attentat de la grande mosquée de Québec. J’ai ressenti votre dégoût face à ce crime. Où est passée votre consternation? Ou pensez-vous à vos électeurs de droite, depuis que Pollièvre a enlevé ses lunettes et s’est coiffé? Le double standard utilisé aujourd'hui dans le monde occidental face à cette crise nous fait pleurer le système de valeurs et d'idéaux humains qui historiquement définissait le Canada. Système qui se voit remplacé

par des dynamiques d'intérêts et de calcul politique. Pendant qu’on compte et qu’on sonde, la situation stagne et broie des vies.

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J'aimerais revoir cette bonne et lumineuse image qui a brillé sur votre visage lorsque je vous parlais dans notre Centre islamique il y a dix ans. J’aimerais retrouver l’empathie qui émanait de vous à cette époque, lorsque je vous expliquais la souffrance du peuple Libanais.

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Puissiez-vous retrouver votre boussole morale et prendre une décision juste dans les circonstances qui pressent le leadership mondial de s’affirmer.

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Amicalement

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Centre Islamique Libanais

Montréal Canada